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XXXVI
RONDEAUX

ment de chant dans les provinces de l’ouest de la France.

Avant même d’être une chanson, le rondeau était uniquement une de ces nombreuses compositions musicales, motets, virelais, etc., dont il faut rechercher l’origine dans le plain-chant. Cette composition, très en vogue au xiie et au xiiie siècles[1], était à plusieurs parties et se jouait sur divers instruments[2] ; elle se caractérisait par la forme et par la position particulières de son refrain mélodique, auquel devait correspondre dans la danse un mouvement spécial. À ces airs ainsi composés on adapta bientôt des chansons populaires, dont les refrains, souvent empruntés à d’autres pièces[3], se plièrent au moule musical : le rondeau était créé, tel que nous l’offrent Adam de la Halle et les auteurs du xiiie siècle.

C’est en effet à cette époque qu’apparaissent dans les manuscrits les plus anciens spécimens de textes, chantés sur des airs de rondeau. Ces textes qui présentent les caractères de la poésie populaire[4], sont assez nombreux, et ont été publiés à peu près tous dans le second volume de notre Recueil de Motets.[5]. Au point de vue musical, comme nous en pouvons juger presque exclusivement d’après les manuscrits d’Adam de la Halle[6], ces rondeaux ou rondets (les manuscrits employent les deux termes), sont des morceaux à trois parties, dont chaque partie, compo-

  1. De Coussemaker, Œuvres complètes du trouvère Adam de la Halle (1872), p. xlv.
  2. Schwan, op. cit., p. 127.
  3. A. Jeanroy, Les origines de la poésie lyrique française (1889), p. 102-113.
  4. H. Pfuhl, Untersuchungen über die Rondeaux und Virelais, speciell des xiv. und xv. Jahrhunderts (1887), p. 11.
  5. Paris, Vieweg (1883), p. 94 et suivantes.
  6. Principalement le ms. fr. 25566 de la Bibl. nat. de Paris.