Page:Anonyme - Rondeaux et autres poésies du XVème.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XXXV
INTRODUCTION

quatrain et quatre ballades ; toutes les autres sont des rondeaux, dans leurs formes les plus diverses.

Du quatrain (no cxxiv) nous n’avons rien à dire : les vers en sont octosyllabiques et riment en abba.

Des quatre ballades, deux seulement (nos cxxv et cxxvii) sont faites d’après la règle des théoriciens du xvie siècle, qui veut que chaque couplet ait autant de vers que le refrain a de syllabes ; les deux autres (nos xxvi et cxxvi) échappent au contraire à cette prescription, qui, édictée pour la première fois par Henry de Croy[1], est loin d’être toujours observée.

Les rondeaux méritent une attention toute particulière, et avant d’aborder l’étude de ces poèmes à l’époque de notre manuscrit, c’est-à dire au xve siècle, il nous semble utile de suivre depuis sa naissance le développement du genre littéraire.

Le rondeau est appelé ainsi, non point, comme on l’a dit souvent et comme l’a répété dernièrement M.Schwan[2], à cause de la répétition du refrain, qui forme le cercle, le rond, mais parce que primitivement c’est une petite chanson destinée à accompagner la danse[3] connue sous le nom de ronde ; les mots ronde[4] et rondel[5] sont employés indistinctement pour désigner au xiiie siècle la danse populaire conservée encore avec son accompagne-

  1. Art et Science de rhethorique pour faire rigmes et ballades (éd. Vérard, 1493), fol. 4.
  2. Die Geschichte des mehrstimmigen Gesangs und seiner Formen in der franzœsischen Poesie des 12. und 13. Jahrhunderts, dans les Verhandlungen der 38. Philologensammlung, p. 27.
  3. G. Paris, La littérature française au moyen âge (1888), p. 177.
  4. Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française, sous Carole.
  5. Voy. un exemple dans l’éd. de Floriant de Fr. Michel, vers 6223.