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introduction

servés d’un ms. perdu de Raoul sont d’un grand prix. Ils se composent, comme nous l’avons dit au commencement de cette introduction, d’environ 250 vers, proportion assez faible pour un poème de plus de 8,000 vers, mais, outre que nous y avons puisé d’excellentes variantes, notamment celle des vers 5484-6, il se trouve que quelques-uns des vers transcrits par Fauchet correspondent aux lacunes qui déparent l’unique manuscrit du poème. Enfin, ces mêmes extraits fournissent un argument de plus en faveur de l’opinion émise plus haut[1], selon laquelle la continuation en assonances aurait été ajoutée à la partie ancienne, alors que celle-ci était déjà mise en rimes. En effet, la rédaction que Fauchet a eue sous les yeux était celle même qui nous est parvenue, mais elle ne contenait pas la suite en tirades assonantes. La dernière citation de Fauchet correspond à notre vers 5542, et c’est au v. 5555 que s’arrête la partie rimée.

Quelques mots, pour terminer, sur la façon dont nous avons compris notre tâche. Nous n’avons pas cru devoir réformer la langue du poème conformément à un type idéal. Dans l’espèce, les éléments nécessaires pour déterminer ce type font défaut. Il faut ajouter qu’il y aurait eu probablement deux types légèrement différents à fixer, puisque rien ne prouve que les deux parties du poème aient été composées dans le même pays. Nous avons tenu d’autant plus à conserver la graphie propre à chacun des deux copistes, que cette graphie offre, on l’a vu plus haut, des particularités intéressantes. Nous nous sommes bornés aux corrections exigées par la mesure ou par le sens. Entre ces corrections, celles-là seulement ont été

  1. P. iv.