Page:Anonyme - Raoul de Cambrai.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xc
introduction

c (avec le son de ç) et s sont parfois employés contrairement à l’étymologie dans certains mots. Voici des exemples de c pour s : arces 7713, ce, pronom neutre, 6297, 6299, 6355, 6412 ; ce, adverbe, lat. sic, 6302, ce, conjonction, 6286, 6315, 6489, ces, pronom sing. suj. ou rég. pluriel, 16, 6266, 6294, 6376, cevelit 32, ciecle 29. Réciproquement, s pour c : se, pronom neutre, 6319, ensainte 35, 39.

Nous avons vu (p. lxxv) que l’auteur de la seconde partie admettait indifféremment à la rime les finales en ois et celles en és pour les secondes personnes du pluriel des futurs : nous ne nous étonnerons pas de trouver le même mélange de formes dans le corps des vers, soit qu’il y ait lieu de l’attribuer à l’auteur, soit que le copiste seul en soit responsable : avrois 6360, comparrois 7381, dirois 6321, irois 6320, orrois 18, porrois 7126, serois 6535, avrés 6628, 7394, irés 6598, porrés 6497, 7068. Il y a peut-être lieu de considérer comme plus particulier au copiste l’emploi de la finale ens pour le latin -amus lorsqu’un i précède : aideriens 7679, estïens 6386, 6390, puissiens 7456-7, peüssiens 7678, seriens 6391. C’est la dérivation proprement étymologique dont l’existence est bien constatée en Champagne[1].

Les différences que nous avons signalées entre nos deux copistes se rapportent plutôt, en somme, à la graphie qu’à la langue. La moyenne des caractères linguistiques semble indiquer, pour l’un et pour l’autre, le nord de la Champagne comme lieu d’origine. Nous avons

    Rethel, publiées par M. Delisle dans l’Annuaire-Bulletin de la Société de l’Histoire de France, 1867, 2e partie.

  1. De Wailly, Mém. sur la langue de Joinville, dans Bibl. de l’Éc, des Chartes, 6e série, IV, 374, 378, 582.