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introduction

nous constatons pour des cas analogues. Hom se trouve ainsi écrit aux vers 904, 1869, devant une voyelle, aux vers 629, 825, 934, 1501, 1841, 1904, devant une consonne ; hon 1502, 2012, devant une voyelle ; on et om se trouvent dans le même vers, 3109, et chaque fois devant une consonne. Il est permis de conclure de ces faits que le son propre de la consonne était absorbé dans la nasalisation.

Le premier copiste écrit indifféremment molt 368, 1591, 1638, 3048, 4135, 4210, et mout 1510, 1919, 2968, 3821, 3970, 3995. Dans les cas d’abréviation, nous avons écrit molt.


Passons maintenant au second copiste[1] dont la graphie offre beaucoup de traits notables, entre lesquels il en est qui sont les indices d’une prononciation particulière. An et en sont réduits à un même son et employés indifféremment : an, lat. in ou inde, est fréquent, 23, 6338, 6378, 6456, 6500, 6522, 6657, 6668, anfes 6611, anfant 39. Réciproquement, comment 6336, 6832, mentel 6258, pour commant, mantel. — ain se substitue à an ou en, principalement avant ch et g spirant, à la tonique comme avant : chaingiés 7725, frainche 6871, 6890, losainges 7133, losaingier 6261, 7092, maingier 6332, 7099, plainchier 6254, raingier 7743, trainche 7796, 7852, trainchier 7205, vaingier 6265 ; aussi, sainglant 6257. — L’e bref latin suivi d’n mouillée, au lieu de produire ien, devient ain, dans tains (teneo) 7226, vains (venio) 6964, 7323, vaigne (veniat) 7587. — au se substitue à ou dans saudoier 6435,

  1. Rappelons que le second copiste a écrit les vers 1 à 57, et 6250 et suiv.