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introduction

d’écrire propre à chacun de nos deux copistes, les uns réfléchissent la prononciation, tandis que les autres ne peuvent être considérés que comme des particularités graphiques sans grande importance. Commençons par les premiers. Le premier copiste emploie accidentellement eiz pour ez. Ainsi, aseiz 2143, desarmeiz 2337, fauseiz 617, pevreis 1560, preiz 606, et dans les secondes personnes pluriel de l’ind. prés. ou du futur, aveiz 524, 2310, preneis 2213, reteneis 1885, torneiz 2319. On sait que cette notation, qui répond certainement à une prononciation particulière de l’é fermé, est fréquente dans l’est de la France[1].

Le g initial suivi d’a, en latin, se conserve dans gavelos, goïr, goie (voir le vocab.), mais il y a probablement là un emploi abusif du g pour j, bien plutôt qu’un fait de prononciation. En effet, on trouve aussi gogleour 4144, pour jogleour, et goue (jocat) 1585, pour joue.

Le t disparait souvent à la fin des mots, après r ou s : fier 2822, 3104, hauber 2728, 3706, Herber 3337, mor 2468, 3255, pour fiert, haubert, Herbert, mort ; ces 4656, tos 2130, 2158, 2191, pour cest, tost. Cette notation est loin d’être constante, Nous l’avons laissée subsister dans les mots où elle apparaît avec le plus de fréquence, dans tos et hauber ; dans les autres, nous avons cru devoir rétablir le t final entre crochets. — Le t final

  1. N. de Wailly, Mém. sur la langue de Joinville, dans Bibl. de l’Éc. des Chartes, 6e série, IV, 389 ; Observations sur la langue de Reims au xiiie siècle, dans Mém, de l’Ac. des Inscrip., XXVIII, ii, 297 ; Observations sur les actes des amans de Metz, ibid., XXX, i, 318-20. C’est d’ailleurs un phénomène qui s’est manifesté sur un territoire fort étendu. Ainsi on l’observe encore dans les chartes les plus anciennes (premier quart du xiiie siècle) du Vermandois ; voy. Bibl. de l’Éc. des Chartes, XXXV, 445, 469, 470.