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iv. - style, versification et langue

4002 vers, a 293 tirades[1] réparties entre vingt-deux assonances, dont onze masculines[2]. Mais, à une date plus récente, Elie de Saint- Gille nous offre, pour 68 tirades, douze assonances seulement, dont neuf masculines[3] ; Huon de Bordeaux, pour 87 tirades, n’a également que douze assonances, dont neuf masculines. Dans Raoul, les assonances qui reviennent le plus souvent sont celle en i (21 fois) et celle en (17 fois). La prédominance des tirades en i n’est pas un fait général. Elle n’est constante que dans les chansons de la geste des Lorrains, où elle est encore plus marquée que dans Raoul.

Lorsqu’on aura étudié, classé et comparé toutes les assonances qu’offre notre ancienne poésie, on constatera que, dans certains poèmes assonants, il y a une tendance plus ou moins marquée vers la rime. Cette tendance existe dans la seconde partie de Raoul. Deux tirades en ie (CCLXVIII et CCCXL) sont très exactement rimées et se distinguent nettement des tirades en i-e où, à côté des finales en ie, on en trouve qui sont en iche, ise, ille, ine, ire, etc.[4]». Dans Aiol aussi, il y a une tirade (la septième) purement en ie, parmi beaucoup d’autres où la même finale se trouve mêlée à d’autres où l’i et l’e sont séparés par une consonne quelconque. La seconde partie de Raoul est au nombre des poèmes qui font d’o nasalisé (om, on, ons, ont) une assonance à part. Le même fait s’observe dans Aie d’Avignon, Jourdain de Blaie, Huon de Bordeaux[5], Floovant[6]. Il se manifeste à l’état

  1. Stengel et Th. Müller ; 291 selon l’édition de Bœhmer.
  2. Voy. Romania, II, 290.
  3. Voy. l’édition de la Société, p. x.
  4. Voy., par ex., la tirade CCL.
  5. Voir pages 159, 161, 200, 212, 288, 297, 298.
  6. Pp. 44-5, une tirade en o nasalisé ; pp. 18-9, une tirade en our, ous, etc.