opéraient sur des traditions presque éteintes : Bertolais, chantant la lutte de Raoul de Cambrai et de Bernier, a mis en œuvre une tradition vivante.
Malheureusement, ce n’est pas l’œuvre de Bertolais qui nous est parvenue, c’est un dernier remaniement qu’il paraît impossible de faire remonter plus haut que la fin du xiie siècle, où la versification a subi une modification systématique et radicale, où le style et la langue ne peuvent manquer d’avoir été affectés dans une mesure correspondante, où le fond du récit, enfin, n’a pu échapper à des altérations plus ou moins profondes.
Il existe des poèmes remaniés qui conservent sous leur forme rajeunie un assez grand air. Il peut arriver, en effet, que le remanieur soit homme de talent. Telle n’a pas été la fortune de Raoul de Cambrai. Nous ne pouvons nous faire une idée bien nette de ce qu’était l’œuvre primitive, mais il n’est pas douteux qu’elle a beaucoup perdu par l’effet de ses remaniements successifs, et principalement lors de son passage à la forme rimée. Le renouveleur qui l’a mise dans l’état où elle nous est parvenue était un pauvre versificateur, qui maniait médiocrement la langue poétique et n’arrivait à rimer qu’à force de locutions banales répétées à satiété, d’épithètes ou d’appositions employées sans propriété, en un mot, de chevilles.
L’emploi de ces chevilles constitue une sorte de procédé qu’il n’est pas sans intérêt d’étudier. C’est comme une marque de fabrique que l’on retrouvera peut-être en quelque autre poème. Il y en a pour toutes les circonstances et pour toutes les rimes. En voici un relevé sommaire classé par matières, et disposé dans chaque matière selon les rimes.
Si l’auteur veut insister sur la pensée qu’il exprime, il