Page:Anonyme - Raoul de Cambrai.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
lv
iii. - les divers états du poème

neveux, les fils d’Hernaut et de Ludie, ainsi que les obsèques de ce prince, et, dans cette partie de son œuvre, il montre Bernier tout disposé à prendre fait et cause pour les jeunes meurtriers sur lesquels leurs cousins se préparent à venger la mort de Girbert. C’était là sans doute l’amorce d’une nouvelle suite du poème des Loherains, dans laquelle Bernier devait jouer un rôle important, mais qui ne nous est pas parvenue.


Ces divers témoignages, dont le nombre pourrait sans doute être augmenté par de nouvelles recherches, ne sont pas tous indépendants les uns des autres. Nous avons vu que ceux de Philippe Mousket et de la chronique dite de Baudouin d’Avesnes se réduisent, en dernière analyse, à un seul. Il se peut qu’il en soit de même des deux textes empruntés à Gautier Map et à Giraut le Cambrien. Toutefois il résulte de l’ensemble des faits groupés dans les pages précédentes, que le poème de Raoul a joui au moyen âge d’une véritable popularité, qui, à la vérité, ne semble pas dépasser le xiiie siècle, car on cessa bientôt de le copier, et il ne paraît pas qu’il en ait jamais été fait de rédaction en prose, ni qu’aucune littérature étrangère l’ait adopté. Tel devait être le sort d’un poème qui n’avait pour se protéger contre l’oubli que son propre mérite, qui d’ailleurs était comme isolé, puisqu’il ne se rattachait à aucune des branches de la littérature héroïque du temps, et ne se recommandait pas par la célébrité des personnages mis en scène.