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ii. - l’élément historique

eux, Hugues, ne dut point prendre part à la lutte, car il occupait le siège archiépiscopal de Reims. Les quatre autres fils de Herbert II se nommaient Eudes, Albert, Robert et Herbert[1] : le poème qui nous est parvenu n’a conservé intacts que les noms du premier et du dernier, encore a-t-il eu le tort de faire périr de la main de Guerri le Sor[2], dans la guerre de 943, Herbert, qu’il nomme Herbert d’Hirson, cet Herbert, devenu comte de Troyes et de Meaux en 968, étant mort seulement en 993. Quant à Albert, – Aubert en langue vulgaire du xiie siècle, — qui fut de 943 à 988 comte de Vermandois ou de Saint-Quentin, c’est celui dont Ybert, en raison peut-être d’une certaine analogie de nom, occupe la place : la substitution du nom d’Ybert à celui d’Albert est le seul titre que le père de Bernier ait jamais eu à la possession de Saint-Quentin, dont le poème le fait comte. Enfin Robert, comte de Troyes et de Meaux de 943 à 968, a été remplacé par un prétendu filleul du roi Louis, qui porte le même nom que son royal parrain[3].

Nous avons successivement passé en revue les personnages du Raoul que l’on appellerait en style de palais « les parties », et l’on a vu qu’ils sont empruntés presque sans exception à l’histoire réelle. Il est évident que, parmi les personnages secondaires, voire même parmi les comparses, plus d’un nom appartient à des contemporains véritables de Louis d’Outremer, mais la preuve en est difficile à faire en raison de l’extrême pénurie de documents historiques du xe siècle, relatifs à la France

  1. Colliette, Histoire du Vermandois, I, 461-462.
  2. Vers 3335 à 3344 du poème.
  3. V. 2519.