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ii. - l’élément historique

vassal nommé d’Harri donna, en 988, à la même abbaye, l’alleu de Vinay, situé dans l’Omois, près d’Epernay[1].

Quoiqu’il en soit de cette dernière question, il est certain qu’Ybert fut, de son temps, un baron renommé pour sa piété, car, à côté de la tradition épique qui lui faisait jouer un rôle dans le Raoul, il se forma sur son compte une véritable légende que nous appellerions volontiers monastique, et qui le présente à la postérité comme un grand bâtisseur d’églises. Cette légende monastique, consignée à la fin du xie siècle dans le Chronicon Valciodorense[2], où les traditions épiques relatives à Raoul de Cambrai ont été également utilisées, cette légende fait d’Ybert de Ribemont le fils et le principal héritier d’un comte Ebroin[3], auquel sa femme Berte, fille du comte Guerri, avait apporté en dot la seigneurie de Florennes[4] au comté de Lomme, et qui tenait, en outre, de la munificence de Louis l’Enfant, le dernier roi carolingien d’Allemagne, les domaines d’Anthisne, en Condroz, et de

  1. « Noverit … quod anno incarnationis Dominicæ 988 accessit quidam vassallus nomine Hadericus cum consilio Eilberti et uxoris suæ Herisindis ad abbatem monasterii Humolariensis, humiliter deprecans ut quidam puer, nepos ejusdem Haderici, in eodem monasterio susciperetur, tradens ad locum cum eodem puerulo quendam alodium in comitatu Otmensi in villa quæ dicitur Vedeniacus. » (Colliette, Histoire du Vermandois, I, 565).
  2. Voir ci-dessus, p. xxv, note 2.
  3. Au début du Chronicon Valciodorense.
  4. « Hic (Ebroinus) armis strenuus et omni honestate, industria sua et virtute multa acquirens, filiam Widerici comitis et ejus uxoris Evæ, quæ in nominis acquisitione Berta nuncupatur, sumpsit in conjugium ; cum ea accipiens dante ipso genitore atque genitrice Florinas, et quidquid ad eundem pagum Florinensem pertinet (Ibid.). »