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introduction

lingienne, car en ce temps on entrait fort jeune dans la vie active et surtout dans la vie militaire ; ainsi, pour n’en citer qu’un exemple entre tant d’autres, un roi carolingien, Louis III, celui-là même dont un poème en langage francique et la chanson de Gormond célébrent la lutte contre les Normands, Louis III mourut âgé au plus de dix-neuf ans, un an après avoir battu les pirates du Nord, deux ans après qu’il eût conduit une expédition en Bourgogne contre le roi Boson.

Quoi qu’il en soit de l’origine de la comtesse Aalais, femme de Raoul de Gouy, son souvenir se conserva durant plusieurs siècles dans l’église cathédrale de Cambrai et dans l’abbaye de Saint-Géry de la même ville, à raison de legs qu’elle leur avait faits pour le repos de l’âme de son malheureux fils ; c’est du moins ce qu’attestent une charte de Liebert, évêque de Cambrai, rédigée vers 1050[1], et la chronique rimée vers le milieu du xiiie siècle par Philippe Mousket[2].

Le caractère historique de la première partie de Raoul étant établi, il n’y a point lieu de s’étonner que les prin-

    jours (vv. 805-806). Il est donc probable que l’auteur du poème primitif n’entendait point donner à Raoul beaucoup plus de dix-sept ans, au moment de la lutte contre les fils Herbert.

  1. « Tradidit itaque ad ususfratrum predictorum comitissa Adelædis, pro sua filiique sui comitis Radulphi anima, villam que dicitur Conteham et que ad eam pertinet arabilem terram ; comes Ybertus Torci, Heribertus dimidiam Culturam Mainsendis. » (Duvivier, Recherches Sur le Hainaut ancien, p. 425). Il est remarquable que la charte de Liebert rappelle les donations d’Ybert [de Ribemont ?] et de Herbert [de Vermandois ?] à l’abbaye de Saint-Géry.
  2. C’est dans la partie vraiment historique de sa chronique rimée que Mousket parle des donations faites à l’église de Notre-Dame de Cambrai, et ce à l’occasion de l’évêque Godefroi, que le roi