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introduction

encore à tort, on le voit, que M. Edward Le Glay présente ce Bauces comme le petit-fils du comte Raoul, mort en 896, et qu’il lui donne pour père le Raoul tué en 943 en combattant les fils Herbert, c’est-à-dire le héros de notre poème[1].

Dans le peu que nous savons du comte Raoul de Gouy, le prototype du Raoul Taillefer de la chanson de geste, il est possible de voir une confirmation des vers 992-993, où Aalais rappelle au jeune Raoul que son père fut toujours l’ami du comte Herbert, aux enfants duquel il veut disputer le fief de Vermandois[2]: on se souvient, en effet, que Raoul de Gouy combattait les Normands en 923, à la tête ou aux côtés des vassaux d’Herbert. Quant au surplus des renseignements que le poème donne sur Raoul, il n’est point possible d’établir leur véracité, mais on peut montrer qu’ils n’ont rien de contraire à la vraisemblance.

    menta Germaniæ historica, IX, 304). Ce Bauces, régent de Flandre pendant la minorité d’Arnoul II, est sans doute le prototype du comte Bauces de Flandre, personnage épique que l’auteur du poème encore inédit d’Anseïs, fils de Girbert, a recueilli pour en faire un des personnages les plus sympathiques de son œuvre. Ajoutons que l’inscription en vers latins, qu’on lisait au commencement du xvie siècle sur le tombeau de Bauces, dans l’église de Saint-Pierre de Gand, identifiait ce fils du comte Raoul avec l’un des meurtriers du duc Guillaume de Normandie, massacré en 943, c’est-à-dire avec Bauces le Court, dont d’anciens poèmes normands célébraient les aventures merveilleuses ; cette épitaphe a été reproduite par Meyer (Annales rerum Flandricarum, Anvers, 1561 fo 20 ro).

  1. Li romans de Raoul de Cambrai et de Bernier, édit. Le Glay, p. XII.
  2. Raouls, tes peres, cil qui t’engenuï,
    Et quens Herbers furent tos jors ami.