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introduction

adversaire en trahison. Fureur de Guerri qui se précipite sur Bernier et l’aurait tué si Gautier ne l’avait protégé. Bernier et Gautier retournent l’un à Saint-Quentin, l’autre à Cambrai (tir. ccxix).

Peu après, à la Pentecôte, l’empereur mande ses barons à sa cour, Guerri et Gautier, Bernier et son père Ybert de Ribemont se trouvent réunis à la table du roi. Guerri frappe Bernier sans provocation. Aussitôt une mêlée générale s’engage, et c’est à grand’peine qu’on sépare les barons. Il est convenu que Gautier et Bernier se battront de nouveau. Ils se font de nombreuses blessures. Enfin, par ordre du roi, on les sépare, quand tous deux sont hors d’état de combattre. Le roi les fait soigner dans son palais, mais il a le tort de les mettre trop près l’un de l’autre, dans la même salle, où ils continuent à s’invectiver (tir. ccxxxvi).

Cependant dame Aalais arrive aussi à la cour du roi son frère. Apercevant Bernier, elle entre en fureur, et, saisissant un levier, elle l’eût assommé, si on ne l’en avait empêchée. Bernier sort du lit, se jette à ses pieds. Lui, ses oncles et ses parents implorent la merci de Gautier et d’Aalais qui finissent par se laisser toucher. La paix est rétablie au grand désappointement du roi contre qui Guerri se répand en plaintes amères, l’accusant d’avoir été la cause première de la guerre[1]. Le roi choisit ce moment pour dire à Ybert de Ribemont que, lui mort, il disposera de la terre de Vermandois. « Mais, » répond Ybert, « je l’ai donnée l’autre jour à Bernier. — Comment, diable ! » répond le roi, « est-ce qu’un bâtard doit tenir terre ? » La querelle s’envenime, les barons se

  1. Parce qu’il avait enlevé à Raoul son héritage pour le donner au manceau Gibouin.