Plus difficile serait la restitution de ce passage :
Atant vient Rolandin sor .I. cival corant ;
Mais illert travallés et stant ;
Por tuit l’or del mont nel poit mener plus avant.
Quant à la mesure, si le second vers est trop court, en revanche les deux autres sont trop longs ; et, pour le langage, il y a là un mot dont on ne saurait s’accommoder : c’est le mot stant, qui n’a jamais été français, mais qui représente l’italien stanco (las, fatigué). Ce serait hasard qu’on réussît à deviner la vraie lecture ; mais on en pourrait proposer une acceptable, celle-ci entr’autres :
Ez Rolandin sor .I. cheval corant ;
Mais li destriers fu las et recréans
Si que nel pot onc mener plus avant[1].
On n’aurait pas rencontré juste, si l’on consulte le manuscrit de Berlin, où on lit :
Ez Rolandin parmi le champ poignant.
Tant out coru le destrier afferant
Ne puet aler, soz lui va recréant.
Mais on n’aurait pas fait grand tort à celui qui écrivit ces trois vers, puisqu’on en aurait rendu le
- ↑ Rien de si simple que de substituer recréant à stant, pour peu qu’on ait l’habitude du vieux langage. On pourrait conserver travaillés si la mesure ne s’y opposait ; il est fort bon en ce sens.