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LES LANGUES ET LES NATIONALITÉS AU CANADA

you if a d…d horse can understand French when, myself, I cannot understand it ? »

Une autre fois, j’ai bien intrigué un autre de mes bons amis anglais. — Je m’étais amusé à apprendre les quatres opérations de l’arithmétique à quelques jeunes Montagnais qui hivernaient avec moi. Mon Anglais l’ayant su, me demanda en quelle langue je les instruisais. — Mais, en montagnais, répondis-je… « In the name of the D… ! How can you teach them to count in chippeweyan ? It is impossible ! » — Pour le convaincre de la possibilité de la chose, je dus le faire assister à une de nos leçons. Et je n’ai jamais vu un ahurissement comparable à celui de notre homme, quand il constata que ces sons incompréhensibles pour lui se résolvaient en honnêtes chiffres aussi exacts que s’ils avaient été calculés en anglais.

Depuis ce jour-là, il a toujours cru que j’étais une espèce de sorcier.

Si quelqu’un pouvait persuader les Anglo-Canadiens qu’on peut s’instruire parfaitement dans une autre langue, aussi bien qu’en anglais, celui-là aurait fait beaucoup pour la solution de l’imbroglio scolaire.


Le grand danger pour le Canada


Le babélique chaos dans lequel on a transformé le Canada ne présente assurément pas l’aspect d’une nation unie et homogène. Mais, avant de commencer la politique d’immigration, on aurait dû prévoir que c’est ce qui était pour arriver ; ce n’était pas si difficile à deviner. Et maintenant, que voulez-vous, messieurs les gouvernants ? Vous avez fait une folie : il vous faut en subir les conséquences. Car, comme toutes les autres bêtises humaines, celle-ci a été beaucoup plus aisée à commettre qu’elle n’est à réparer.

Vous avez beau dire que, de tout cela, vous voulez faire une nation, je vous réponds, avec le bon sens et l’histoire, qu’on ne fait pas une nation comme un tailleur fabrique une culotte : il y faut beaucoup plus de temps et de soins. Et, vous connaissant comme je vous connais, je crois que le moins vous vous