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L’OUEST ET LA CONFÉDÉRATION CANADIENNE

L’Ouest et la Confédération Canadienne


L’Ouest était une colonie britannique, où la couronne d’Angleterre exerçait sa suzeraineté par le moyen des officiers de la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui se faisaient aider des notables dans l’administration du pays, ainsi que nous l’avons dit dans le chapitre précédent. La H. B. Co. faisait donc à peu près l’office d’un gouverneur royal dans les autres colonies. Depuis la disparition de la patriotique (?) compagnie anglaise du Nord-Ouest, personne dans le pays n’avait songé à mettre en doute la suzeraineté de la couronne britannique. Mais, d’un autre côté, il est également certain que ni le gouvernement du Haut ou du Bas-Canada, ni le gouvernement canadien au temps de l’Union, n’avait jamais eu aucune espèce de droit dans le pays. En 1867, lorsque les provinces de l’Est se constituèrent en confédération, l’Ouest ayant été laissé complètement en dehors de l’entente, ni le gouvernement fédéral, ni, à plus forte raison, celui de l’une quelconque des provinces confédérées, n’avait autorité sur les contrées de l’Ouest, qui restaient une colonie britannique, aussi étrangère au Dominion du Canada que l’est actuellement l’île de Terreneuve.

Or, la Compagnie de la Baie d’Hudson, voyant que le pays devenait difficile à gouverner, par suite des troubles causés par les agitateurs ontariens, donna sa démission de gouverneur du pays et vendit ses « droits » au gouvernement canadien. La compagnie fit là, assurément, une bonne affaire et elle empocha une bonne somme d’argent canadien. Que le gouvernement canadien ait également fait une bonne affaire, la chose me paraît plus douteuse. Car, s’il est facile de voir ce qu’il a payé, il est plus difficile de voir ce qu’il a acheté. La compagnie avait précieusement réservé toutes les terres qu’elle occupait réellement, c’est-à-dire, les seules qu’elle aurait pu vendre ; car je ne suppose pas que la compagnie ait eu l’intention de vendre les terres occupées et exploitées par les colons, qui s’y étaient établis d’après les lois et les coutumes du pays. Elle n’a pas pu non plus avoir l’intention de vendre tous les habitants du pays, comme on fait d’un troupeau de