Saskatchewan, nom barbare, qui n’existe dans aucune langue, — dès les premiers temps de leur établissement, donc, La Vérandrye et ses compagnons, ayant contracté amitié avec les chefs Cris et Montagnais, les réunirent et leur firent conclure un traité de paix dont ils se portèrent eux-mêmes garants. À quelque temps de là, un parti de Cris, civilisés à la moderne et partisans du principe des chiffons de papier, surprenait un camp de Montagnais se reposant sans défiance sur la foi des traités et en massacrait tous les habitants, y compris deux Français qui se trouvaient là. Ce déplorable incident allait sans aucun doute rallumer la guerre entre les deux peuples, n’eût été l’intervention énergique du commandant français, qui, ayant fait saisir et exécuter les trois auteurs responsables de ce coup de main, fit comprendre aux Cris qu’on ne se jouait pas impunément d’une parole donnée au nom de la France et persuada aux Montagnais de se contenter du châtiment qu’il avait infligé à la perfidie de leurs ennemis. Depuis ce temps-là, la paix n’a pas été troublée entre les deux nations.
Cet acte de justice et d’énergie, dont la renommée se répandit rapidement dans toutes les tribus Dénés, étendit l’influence des Français jusqu’aux extrémités les plus reculées du Nord, et leur permit de s’établir sans difficultés parmi les différentes tribus des Mangeurs de Caribous, Castors, Plats côtés de Chiens, Loucheux, Peaux de Lièvres, etc…, jusqu’au fond de l’Athabaska et sur la rivière Mackenzie, qui, alors, ne s’appelait pas Mackenzie, naturellement. Les récits des anciens sauvages nous les montrent usant de leur influence pour réprimer l’humeur batailleuse et la naturelle férocité de ces diverses tribus, qui, bien que de commune origine Déné, n’en étaient pas moins en état d’hostilité continuelle les unes à l’égard des autres.
Bien plus, ces Canadiens, perdus au fond des forêts du Nord et dont la plupart n’avaient point vu de prêtre depuis leur départ de Québec, n’oublièrent point leur religion. Au milieu des Sauvages idolâtres, ils observaient fidèlement le repos dominical, l’abstinence du vendredi, les jeûnes du carême ; ils faisaient leur prière, le matin et le soir et, bien souvent,