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le canada avant la conquête anglaise

Ils jouèrent bien aux sauvages quelques sales tours, que ceux-ci leur rendirent d’ailleurs avec usure. Mais, à part cela, les choses se passèrent aussi bien, et même beaucoup mieux, qu’elles n’ont l’habitude de se passer entre envahisseurs et envahis. Et même, avec un peu de bonne volonté, on peut dire que les difficultés du début vinrent de ce que Français et Sauvages ne se connaissaient pas et ne se comprenaient pas. Quelques années plus tard, les Français auraient certainement trouvé moyen d’aplanir les difficultés entre les Hurons, les Algonquins et les Iroquois, sans se mettre ceux-ci à dos comme ils le firent.

Quand, sous la conduite de La Vérandrye et de ses fils, les Français s’en vinrent explorer les immenses plaines de l’Ouest et les forêts du Nord, ils avaient appris à connaître les Sauvages et savaient comment s’y prendre pour en venir à bout. La Vérandrye et ses compagnons conquirent la sympathie des Sauvages par leur courtoisie, leur loyauté et leur bonne humeur ; ils surent ménager ce qu’il y avait de respectable dans les us et coutumes de ces pauvres nomades, auxquels ils inspirèrent l’amour de la langue française, en apprenant eux-mêmes les langues des différentes peuplades au milieu desquelles ils s’établissaient. De sorte que, bien vite, la langue française servit de langue de communication, même d’une tribu à l’autre.

L’amitié que toutes les tribus professaient pour les Français, sans arrêter complètement les guerres sanglantes et cruelles qu’elles se faisaient les unes aux autres, servit cependant à les rendre moins fréquentes, et l’intervention des Canadiens et surtout des Métis français mit souvent fin à des luttes séculaires. Nous en trouvons un exemple frappant dans le Nord de la Saskatchewan. Là, depuis des siècles, les tribus Dénés, dites montagnaises, soutenaient contre les Cris des bois et les Maskégons des luttes aussi acharnées et aussi impitoyables que celles soutenues par les Cris de prairie contre les Pieds-Noirs et par les Sauteux contre les Sioux.

Or, dès les premiers temps de l’établissement des Français sur la rivière Saskatchewan, qu’ils appelèrent rivière du Pas, — et je ne vois pas pourquoi on a changé ce nom en celui de