Page:Anonyme - Les langues et les nationalités au Canada, 1916.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
les langues et les nationalités au canada

vahi, en lui imposant de force ses propres mœurs, coutumes, lois et religion, l’union ne s’est faite nulle part ; et, dans ces pays, après des siècles de tyrannie, nous trouvons les haines de race plus vivaces qu’aux premiers jours de l’invasion. Dans l’Europe occidentale, l’Irlande et la Pologne nous en offrent de frappants exemples. Et, si nous jetons les yeux sur l’Orient, nous voyons que les Turcs, malgré leur odieuse tyrannie, n’ont réussi à éliminer aucune des nationalités que, depuis des siècles, ils tiennent courbées sous leur insupportable joug. Dans la dernière moitié du XIXe siècle, les nations balkaniques ont réussi à s’affranchir ; et les différentes nationalités qui s’agitent dans le reste de l’Empire sont aussi peu turques que jamais, même et surtout, celles qui ont fini par embrasser l’islamisme.

De là, il est permis de conclure que tout partisan de l’assimilation violente est un ennemi de la nation qu’il prétend servir et devrait être sévèrement châtié. Avis aux assimilateurs du Canada et des États-Unis.


La question des langues


On aura sans doute remarqué que, dans le chapitre précédent, en parlant de la formation des peuples, je n’ai point parlé de l’influence des langues. C’est que, de fait, les langues me semblent y avoir eu fort peu de part. Les gouvernants des siècles passés ont sans doute commis bien des fautes et se sont rendus coupables de bien des abus de pouvoir. Mais, au moins, ils semblent avoir été exempts de la manie moderne de vouloir empêcher les gens de parler la langue qui leur plaît.

Il n’y a que les prélats allemands du IXe et du Xe siècle, qui, désireux dès lors de « montrer qu’ils étaient là, » voulurent empêcher les nations slaves de parler leur langue et firent un crime aux saints Cyrille et Méthode de prêcher l’Évangile en slavon. Ce qui n’empêcha nullement les Slaves de continuer à parler leur langue, sans s’occuper des prélats allemands. Le seul résultat de la tyrannie de ceux-ci fut de tenir