Romains, de Gaulois, de Bretons, d’Espagnols, de Francs, de Huns, d’Alains, de Goths, de Vandales, de Pietes, de Scots, de Saxons, de Danois, de Normands, etc., telle que, en comparaison, notre Babel du Nord-Ouest est un tout homogène.
Dire que les groupes de nationalités si différentes, établis de force au milieu les uns des autres, s’entendirent parfaitement dès le premier jour, serait assurément manquer à la vérité historique. Mais, avec le temps, les aspérités des rapports finirent par s’adoucir ; l’intérêt et la nécessité de se défendre contre les incursions de voisins ambitieux obligèrent les différents groupes à s’unir et, peu à peu, à s’assimiler. C’est ainsi que, d’éléments hétérogènes et tout à fait hostiles, se formèrent les nations contemporaines.
Le grand facteur de cette formation a été, avant tout, le temps. Mais l’œuvre de celui-ci a été beaucoup facilitée et considérablement hâtée par l’influence purificatrice et civilisatrice de la religion chrétienne qui enseignait aux vaincus à respecter l’autorité des vainqueurs, une fois cette autorité établie, et qui enjoignait aux vainqueurs de ménager les droits des vaincus. Sans cette influence bienfaisante, les nations se seraient-elles jamais formées ?
Quant au pouvoir civil et politique, il fut un obstacle qui retarda l’heure de l’unité nationale, beaucoup plus qu’un facteur qui aida à l’accomplir. Tandis que les moines et les évêques tendaient à unir les différents groupes, en leur prêchant la charité, l’entente et le support mutuel, les princes temporels, par leur ambition et leur jalousie réciproque, tendaient, presque toujours, à entretenir les haines de races, les divisions et les rancunes.
En France et en Angleterre, pour ne parler que des deux pays dont je connais mieux l’histoire, il y a eu, sans doute, quelques sages gouvernants dont l’heureuse influence a beaucoup contribué à hâter la formation de l’unité nationale. Mais dans chaque pays, ils sont si peu nombreux qu’on pourrait facilement les compter sur les dix doigts. Et, si nous examinons attentivement l’œuvre de ces grands conducteurs de peuples, nous constatons que les plus sages d’entre eux, loin de chercher à imposer de force leur autorité, se bornèrent