qu’il aurait dû manger lui-même ses saucisses pourries, qu’il avait faites avec la chair tirée de la voirie, et ne pas les apporter chez lui. Ulespiègle lui répondit : « Je ne vous les ai pourtant pas fait manger de force ! pour moi, je n’en voulais point. J’aurais bien voulu de la première, mais vous l’avez mangée sans me consulter. Puisque vous avez mangé la première, qui était bonne, mangez aussi les mauvaises. Adieu ! bonne nuit ! »
CHAPITRE XXXVIII.
Ulespiègle escamota un cheval au curé de Kyssenbrück.
Kyssenbrück, juridiction d’Assebourg, Ulespiègle
ne recula pas devant une mauvaise
friponnerie. Il y avait là un curé qui avait
une très jolie servante et un bon petit cheval, et qui
tenait beaucoup à l’un et à l’autre, au cheval comme
à la servante. Or, le duc de Brunswick avait été à
Kyssenbrück, et avait fait prier le curé de lui céder
son cheval, qu’il lui payerait plus qu’il ne valait.
Le prêtre avait constamment refusé, disant qu’il
ne voulait pas céder son cheval, qu’il y tenait beaucoup,
et le prince n’avait pas osé le lui prendre.
Ulespiègle entendit parler de cela, et dit au prince :
« Gracieux Seigneur, que me donnerez-vous si je
vous fais avoir le cheval du curé de Kyssenbrück ?