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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

la même croyance et je suis un bon chrétien. » Le pape lui dit : « Pourquoi as-tu tourné le dos au saint Sacrement pendant la messe ? – Très saint père, répondit Ulespiègle, je suis un grand pécheur, et j’ai pensé qu’il ne m’était pas permis de faire autrement tant que je n’aurais pas confessé mes péchés. » Le pape fut satisfait. Il laissa là Ulespiègle et s’en retourna dans son palais. Ulespiègle retourna à son logement, et rappela à son hôtesse la promesse des cent ducats. Celle-ci dut les lui donner, et Ulespiègle resta ce qu’il était auparavant, et ne fut guère amendé par le pèlerinage de Rome.



CHAPITRE XXXV.


Comment, à Francfort-sur-Mein, Ulespiègle escroqua
mille florins aux juifs, et leur vendit des
pilules prophétiques.



Il n’y a pas à s’affliger quand il arrive que les juifs, qui sont des fripons, sont trompés à leur tour. En quittant Rome, Ulespiègle s’en alla à Francfort-sur-Mein, à la foire. Il allait çà et là, et voyait ce que chacun avait à vendre. Il vit un homme jeune et fort, proprement vêtu, qui avait une petite provision d’ambre d’Alexandrie, qu’il vendait extrêmement cher. Ulespiègle pensa en lui-même : « Je suis aussi un solide vaurien qui ne travaille pas volontiers. Si je pouvais gagner ma vie aussi facilement que celui-là,