CHAPITRE XXXIV.
le pape, qui le prit pour un hérétique.
lespiègle était entièrement voué à la malice.
Après avoir essayé de tous les vilains
tours possibles, il se rappela le vieux proverbe :
« Va-t’en à Rome brave homme, et reviens
nequam. » C’est pourquoi il partit pour Rome, et
transplanta là sa malice. Il se logea chez une veuve,
qui, voyant qu’il était bel homme, lui demanda qui
il était. Il répondit qu’il était du pays de Saxe, et
qu’il était venu à Rome pour parler au pape. La
dame lui dit : « Mon ami, voir le pape est chose facile ;
mais lui parler c’est différent. Je suis née à Rome et
j’y ai été élevée, je suis d’une des premières familles,
et néanmoins je n’ai jamais pu lui parler ; comment
voulez-vous donc y parvenir si vite ? Quant à moi, je
donnerais bien cent ducats pour cela. – Chère hôtesse,
dit Ulespiègle, si je trouvais les moyens de vous
introduire auprès du pape, de façon à ce que vous
puissiez lui parler, me donneriez-vous les cent
ducats ? » La dame fut tentée, et lui promit les cent
ducats sur son honneur s’il menait la chose à bien.
Mais elle pensait que cela lui serait impossible, car
elle savait bien combien cela coûtait de peine et de
soins. Ulespiègle lui dit : « Chère hôtesse, je ne demanderai les cent ducats que quand la chose aura