CHAPITRE XI.
et comment il lui mange un poulet rôti.
ans le pays de Brunswick, et faisant partie
du fief de Magdebourg, est un village
nommé Budensteten. Ulespiègle arriva
dans ce village et le curé le prit à son service. Mais
il ne le connaissait pas. Il lui dit qu’il aurait un service
très doux, qu’il mangerait et boirait du meilleur,
et tout comme sa chambrière, et qu’il n’aurait à
faire que moitié de la besogne qu’il pourrait faire.
Ulespiègle répondit que cela lui convenait, et qu’il
se dirigerait en conséquence. Or, il se trouva que
la chambrière n’avait qu’un œil. Elle prit deux poulets,
les mit à la broche, et fit asseoir Ulespiègle
auprès de la cheminée pour tourner la broche. Quand
les poulets furent cuits à point, il pensa en lui-même :
« Le curé m’a dit, quand il m’a loué, que je mangerais
et boirais comme lui et sa servante ; mais il pourrait
bien arriver qu’il en fût autrement ; je pourrais
ne pas manger de ces poulets rôtis, et le prêtre se
trouverait n’avoir pas dit vrai. Je veux être prudent,
et faire en sorte que sa parole soit respectée. » Là-dessus
il prit un des poulets et le mangea sans pain.
Et comme c’était l’heure du repas, la servante vint
pour arroser les poulets ; mais elle n’en trouva plus
qu’un. Elle dit à Til Ulespiègle : « Il y avait deux