CHAPITRE VIII.
du fermier avare.
e lendemain, le même fermier rencontra
Ulespiègle. « Eh bien, mon cher Til, quand
viendras-tu chez moi manger la soupe au
pain blanc ? – Quand tes poules iront attelées
quatre à quatre à un morceau de pain. – Alors tu
attendras longtemps. – Et si je venais avant la
saison des soupes au pain blanc ? » Là-dessus ils se
séparèrent. Til attendit l’occasion. Un jour il vit
les poules du fermier qui picoraient dans la rue. Il
avait une quantité de bouts de fil qu’il avait attachés
deux à deux par le milieu. Il attacha à chacun
des bouts de fil un morceau de pain, et mit le tout
dans la rue. Les poules commencèrent à manger les
morceaux de pain, et les bouts de fil avec ; mais elles
ne pouvaient les avaler, car à chaque bout de fil était
une poule. Elles tiraient l’une sur l’autre, et ne pouvaient
ni avaler le pain ni le rejeter, à cause de la
grosseur des morceaux. Il y eut ainsi plus de deux
cents poules qui tiraient l’une sur l’autre et qui s’étranglèrent.