CHAPITRE CII.
Berlin, et comment il convoitait l’avoir des paysans.
tant valet de ville à Berlin, Ulespiègle fut
une fois envoyé dans un village pour réclamer
de l’argent d’un paysan qui n’aimait
pas à payer, et qui, de plus, n’était pas riche. Il s’en
allait tranquillement avec sa hallebarde, sans penser
à mal, lorsque le diable se présenta sous la forme
d’un paysan. Ulespiègle s’aperçut tout de suite que
c’était le diable. Ils commencèrent à causer ensemble.
Le paysan dit : « Tu vas chercher de l’argent ;
si tu veux nous partagerons ; moi je vais chercher
un trésor caché, dont je te donnerai ta part. » Ulespiègle,
qui avait souvent entendu dire que le diable
savait trouver les trésors, accepta la proposition.
Peu de temps après, comme ils traversaient un village,
ils entendirent un enfant qui pleurait, et sa
mère qui lui disait : « Va donc ! pleure tant que le
diable t’emporte ! » Ulespiègle lui dit : « Entends-tu
qu’on veut te donner un enfant ? Pourquoi ne le
prends-tu pas ? – Mon cher, dit le diable, la mère ne
le dit pas sérieusement ; ce n’est qu’un mouvement de
colère. » Ils allèrent plus loin, et dans les champs ils
virent un grand troupeau de cochons. Le berger courait
après un qui s’était détaché de la bande, et criait :
« Que le diable emporte le cochon ! » Ulespiègle aurait