CHAPITRE XCII.
le curé se salit les mains.
renez garde, prêtres et gens du siècle, que
vous ne vous salissiez les mains à brasser des
testaments, comme il arriva pour celui d’Ulespiègle.
On amena à Ulespiègle un prêtre pour le
confesser. Quand il fut arrivé, le prêtre pensa en
lui-même : « Voilà un homme qui a mené une vie
d’aventures ; il a dû amasser bien de l’argent. Il
doit avoir une forte somme : tu vas tâcher de la
lui soutirer à sa dernière heure : il t’en reviendra
peut-être quelque chose personnellement. » Lorsque
Ulespiègle eut commencé sa confession, le prêtre
lui dit entre autres choses : « Ulespiègle, mon cher
fils, il faut songer au salut de votre âme. Vous avez
été un aventurier et vous avez commis bien des
péchés. Il faut vous en repentir, et, si vous avez
quelque argent, vous ferez bien de le donner, en
l’honneur de Dieu, à de pauvres prêtres comme moi.
Je vous le conseille, car c’est du bien mal acquis.
Si vous voulez me dire où est votre argent et m’en
faire don, je me charge de vous réconcilier avec Dieu.
Si vous me donnez quelque chose, je penserai à vous
tous les jours de ma vie, et je dirai des messes pour
le repos de votre âme. – Oui, mon cher, dit Ulespiègle,
je penserai à vous. Revenez après-midi, je