CHAPITRE LXXXIX.
qui allaient à matines.
près avoir bien couru le monde, Ulespiègle
était devenu vieux et chagrin. Il fut pris de
la peur de l’enfer, et résolut d’entrer dans
un couvent de moines mendiants, pour y finir ses
jours en servant Dieu pour expier ses péchés, afin
d’être sauvé lorsque Dieu disposerait de lui. Il s’adressa
pour cela à l’abbé de Marienthal, et le pria de
le recevoir dans sa communauté, ajoutant qu’il
donnerait au couvent tout ce qu’il laisserait à sa
mort. L’abbé, qui ne détestait pas les fous, lui dit :
« Tu es encore valide ; je t’admettrai comme tu le
demandes, mais il faudra que tu travailles et que tu
aies un emploi, afin que tu voies que mes frères et
moi nous avons tous à travailler, et que chacun a un
office à remplir. – Volontiers, Monsieur, dit Ulespiègle.
— Eh bien ! au nom de Dieu ! Comme tu
n’aimes pas le travail, tu seras notre portier. Tu
resteras dans ta cellule, et tu n’auras pas autre
chose à faire qu’à monter la bière de la cave et
ouvrir et fermer la porte. – Que Dieu vous récompense,
digne seigneur, dit Ulespiègle, de ce que
vous êtes si bienveillant pour moi, pauvre vieillard
malade. Je ferai tout ce que vous me commanderez,
et rien de ce que vous me défendrez. – Voilà la clé,