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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

son habit en gage ; prenez-le pour la bière qu’il a bue. » L’hôtesse fut encore plus furieuse, et lui dit de sortir de chez elle et de n’y jamais revenir. Ulespiègle sella son cheval, monta dessus et partit en disant : « L’hôtesse, gardez le gage jusqu’à ce que j’aie reçu votre argent, et je reviendrai sans en être prié. Si alors je ne bois pas, je n’aurai rien à payer. »



CHAPITRE LXXXIII.


Comment Ulespiègle fait accroire à cette hôtesse qu’il
a été mis sur la roue.



Écoutez ce qu’Ulespiègle fit à Stasfurt. Il s’en alla dans une auberge d’un village près de là, mit d’autres habits, et retourna dans l’auberge qu’il venait de quitter. Ayant aperçu une roue, il s’assit dessus, salua l’hôtesse, et lui demanda si elle n’avait pas entendu parler d’Ulespiègle. Elle lui dit : « Que voulez-vous que j’aie entendu parler de lui ? je ne peux pas seulement entendre prononcer son nom. – Que vous a-t-il fait, Madame, dit Ulespiègle, que vous lui en voulez tant ? Car partout où il va, il faut qu’il fasse quelque malice. – Je m’en suis bien aperçue, dit la femme. Il est venu ici, et m’a écorché mon chien, dont il m’a remis la peau pour la bière qu’il avait bue. – Madame, dit Ulespiègle, cela est mal. – Il sera récompensé selon ses œuvres, dit la femme. – Madame, dit Ulespiègle,