CHAPITRE LXXXII.
avec lui, et donna sa peau en payement
à l’aubergiste.
n jour Ulespiègle arriva dans une auberge
dont l’hôtesse avait un beau petit chien
qu’elle aimait beaucoup, et qu’elle tenait
toujours sur ses genoux quand elle avait le temps.
Ulespiègle s’assit près du feu, et se mit à boire à
même sa canette. Or, l’hôtesse avait habitué son
chien à ceci, que, lorsqu’elle buvait de la bière, elle
lui en donnait dans une tasse pour qu’il en pût boire
aussi. Comme Ulespiègle buvait, le chien était là
qui le caressait, et qui finit par lui sauter à la gorge.
Voyant cela, l’hôtesse lui dit : « Donnez-lui à boire
dans une tasse ; voilà ce qu’il veut. – Volontiers, »
lui dit Ulespiègle. L’hôtesse fit ce qu’elle avait à
faire, et Ulespiègle continua à boire, donnant à
boire au chien dans la tasse ; il lui donna aussi de ce
qu’il mangeait, si bien que le chien, plein comme un
œuf, s’étendit de tout son long devant le feu. Ulespiègle
demanda alors à compter, et dit : « Chère
hôtesse, si quelqu’un mangeait votre dîner et buvait
votre bière, et n’avait pas d’argent, lui feriez-vous
crédit ? » L’hôtesse ne se douta pas qu’il pensait
au chien ; croyant qu’il s’agissait de lui-même, elle
lui dit : « Monsieur l’hôte, on ne fait pas crédit ici ;