Page:Anonyme - Les Aventures de Til Ulespiegle.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

de Dieu. – C’est ainsi que font les fripons, qui disent des mensonges au lieu de payer. Tu verras bientôt si mon mari est possédé du diable ! » Elle courut chez elle et raconta à son mari ce que le curé avait dit. L’aubergiste saisit une broche et courut au presbytère. Le voyant venir, le curé appela ses voisins au secours, fit le signe de la croix et cria : « À l’aide, chers voisins ! voilà un homme qui est possédé du diable. – Prends garde, curé, dit l’aubergiste, et paye-moi ! » Le curé faisait des signes de croix. L’aubergiste voulait le battre. Les voisins intervinrent et purent à grand peine les séparer. Depuis ce temps, et tant que vécut le prêtre, l’aubergiste lui réclama la dépense, et le prêtre dit qu’il ne devait rien, et que l’aubergiste était possédé, mais qu’il l’exorciserait bientôt. Cela dura tant qu’ils vécurent tous les deux.



CHAPITRE LXXII.


Comment, à Brème, Ulespiègle arrosa le rôti avec son
derrière, et ses hôtes n’en voulurent pas manger.



Après le tour qu’on a raconté, Ulespiègle fut bien connu à Brême, et les habitants se trouvaient volontiers avec lui et voulaient l’avoir à tous leurs festins. Ulespiègle y resta longtemps. Il y avait dans cette ville une société de bourgeois, marchands et autres habitants, qui s’invi-