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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

vous conseille pour le salut de votre âme, comme je dois le faire pour vous et pour tous mes paroissiens. » Le paysan fit ce que le curé lui avait dit, et se consulta avec sa femme ; mais ils ne purent dire exactement l’époque de leur mariage. Ils s’empressèrent d’aller trouver le curé, le priant humblement de leur donner un bon conseil dans leur situation fâcheuse. Le curé leur dit : « Puisque vous ne savez pas exactement le temps, et pour assurer le salut de vos âmes, je vous remarierai dimanche prochain, en sorte que, si la vertu de votre premier mariage avait cessé, vous vous trouverez de nouveau mariés. Pour cette circonstance, vous tuerez un bon bœuf, des moutons, un cochon, et vous inviterez vos enfants et amis à votre repas et les traiterez bien. Je m’y trouverai moi-même. – Certainement, Monsieur le curé, dit le paysan, je le ferai ; cela ne tiendra pas à quatre ou cinq douzaines de poulets. Si nous devions nous trouver démariés après avoir été si longtemps ensemble, cela ne serait pas bon. » Il rentra chez lui et prit ses dispositions. Le curé invita à ce repas plusieurs prêtres et prélats de sa connaissance.

Au nombre de ceux-là se trouvait le prévôt du chapitre d’Epsdorf, qui avait toujours un ou deux beaux chevaux, et qui aimait bien assister aux bons repas. Ulespiègle était chez lui depuis quelques jours. Le prévôt lui dit : « Prends mon jeune poulain et viens avec moi : tu seras le bienvenu. » Ainsi fit Ulespiègle. Étant arrivés, ils mangèrent et burent et