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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

CHAPITRE LXV.


Comment, à Paris, Ulespiègle se fit marchand de
chevaux, et arracha la queue au cheval
d’un Français.



Ulespiègle fit une malice humiliante à un maquignon, près du lac, à Wismar. En ce temps-là, il y avait en cet endroit un maquignon qui marchandait tous les chevaux et les tirait par la queue, aussi bien ceux qu’il achetait que ceux qu’il n’achetait pas. Il reconnaissait par ce moyen si le cheval devait vivre longtemps. Et voici sa remarque : si les chevaux avaient une longue queue, il les tirait par les crins. Si le crin se détachait facilement, il ne les achetait point, parce qu’il croyait qu’ils ne vivraient pas longtemps. Si, au contraire, le crin résistait, il les achetait, car il était convaincu qu’ils vivraient longtemps et qu’ils étaient de forte nature. Et c’était une opinion générale dans toute la ville de Wismar, et chacun se dirigeait en conséquence. Ulespiègle apprit cela et se dit : « Il faut que tu fasses quelque malice, n’importe laquelle, pour désabuser le peuple de cette erreur. » Comme il savait un peu de magie, il se procura un cheval, l’arrangea par art magique comme il voulait l’avoir, s’en alla au marché et offrit son cheval à vendre, mais à un prix élevé, afin qu’on ne l’achetât pas, jusqu’à ce que le maquignon qui tirait les chevaux par la