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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

cela ils se servaient beaucoup de lunettes, et notre métier était bon. De même les prêtres étudiaient en ce temps-là plus qu’à présent, et cela faisait vendre des lunettes. Maintenant ils sont si instruits, au moyen des livres qu’ils achètent, qu’ils savent par cœur tout ce qu’ils ont à savoir et n’ouvrent pas leurs livres plus d’une fois par mois, C’est pourquoi notre métier est devenu mauvais. Je cours d’un pays à l’autre, et je ne peux trouver d’ouvrage nulle part ; le mal a fait de si grands progrès, que les paysans dans la campagne ont l’habitude de regarder entre les doigts. » L’évêque comprit le texte sans aucune glose, et dit à Ulespiègle : « Viens avec Nous à Francfort, Nous te donnerons Notre livrée. » Il fit ainsi, et il resta avec ce seigneur jusqu’au moment où le comte fut confirmé comme empereur, après quoi il retourna avec lui en Saxe.



CHAPITRE LXIV.


Comment, à Hildesheim, Ulespiègle s’engagea comme
cuisinier chez un marchand, et se conduisit
d’une façon très malicieuse.



Dans la rue qui mène au marché au foin demeurait un riche marchand. Un jour qu’il allait se promener hors de la ville, et qu’il voulait aller à son jardin, il rencontra Ulespiègle qui était couché dans un champ de verdure ; il le salua