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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

CHAPITRE LIX.


Comment, à Helmstedt, Ulespiègle fit faire une
grande bourse.



Ulespiègle fit une fois une farce avec une bourse. À Helmstedt demeurait un faiseur de bourses ; Ulespiègle alla chez lui et lui demanda s’il voulait lui en faire une belle et grande. Le faiseur lui répondit : « Oui. De quelle grandeur ? » Ulespiègle lui dit de la faire assez grande, parce que c’était la mode des grandes bourses, longues et larges. Le faiseur en fit une très grande. Quand Ulespiègle vint chez lui et la vit, il lui dit : « Elle n’est pas assez grande ; c’est une petite bourse. Faites-m’en une assez grande, et je vous la payerai bien. Le faiseur lui en fit une d’une peau de vache tout entière, et la fit si grande qu’on eût bien pu mettre dedans un veau d’un an. Quand Ulespiègle la vit, il ne fut pas encore content ; il dit qu’elle était trop petite, mais que si on voulait lui en faire une assez grande, il donnerait deux florins à compte. Le faiseur prit les deux florins, et lui fit une bourse composée de trois peaux de bœuf, qu’à peine trois personnes auraient pu porter sur un brancard, et dans laquelle on aurait pu mettre facilement un muid de blé. Quand Ulespiègle vint la voir, il dit : « Maître, voilà une assez belle bourse ; mais ce n’est pas ce que je voudrais. Je ne veux pas de celle-ci ; elle est encore