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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

et commencèrent leur besogne en chantant à tue-tête, comme c’est leur coutume. Quand les tonnes, qu’on avait mises près du feu, commencèrent à s’échauffer, ce qu’elles contenaient reprit son odeur naturelle. L’un des cordonniers dit à l’autre : « Je crois que tu as fait sous toi. » Le maître dit : « Il faut que quelqu’un de vous ait marché sur quelque chose ; essuyez vos souliers ; cela sent mauvais en diable. » Ils cherchèrent partout, mais ils ne trouvèrent rien. Ils commencèrent à verser la graisse dans un chaudron et à cirer ; mais plus ils allaient profond, plus cela sentait mauvais. Enfin ils virent ce qu’il en était, et laissèrent leur besogne. Le maître et les garçons se mirent promptement à la recherche d’Ulespiègle, pensant lui faire payer le dommage ; mais il était parti avec l’argent, et il est encore à venir réclamer les douze autres florins. Ainsi le cordonnier fut obligé de faire conduire son suif à la voirie, et il éprouva un double préjudice.



CHAPITRE XLVII.


Comment Ulespiègle se fit garçon brasseur à Einbeck,
et, au lieu de houblon, mit dans la chaudière
un chien appelé Houblon.



Ulespiègle ne resta pas longtemps tranquille. Quelque temps après l’affaire des prunes qu’il avait salies, et alors qu’on avait oublié à Einbeck lui et cette aventure, il retourna