à ferrer en attendant que je me lève. » Ulespiègle alla se coucher. En se levant, il se dit qu’il se vengerait de son maître, dût-il marcher dans la neige jusqu’aux genoux. Il fit un grand feu, prit les tenailles et les mit à rougir, et les forgea en une barre de fer. Il fit de même des deux marteaux et des autres outils. Puis il prit le panier où étaient les clous à ferrer les chevaux et en retira les clous, dont il coupa les têtes. Ensuite il prit son tablier, car il entendait venir le forgeron, et s’en alla. Le forgeron entra dans sa forge, et vit que ses clous étaient décapités, et que les marteaux, les tenailles et autres outils étaient forgés ensemble. Il entra en fureur et demanda à la servante où était le garçon. La servante répondit qu’il était parti. Le forgeron se mit à jurer en disant : « Il est parti comme un vrai mauvais sujet. Si je savais où le trouver, quand même ce serait hors de la ville, je courrais après et je le rouerais de coups. » La servante dit : « En sortant il a écrit quelque chose sur la porte ; c’est une figure qui ressemble à une chouette. » Car Ulespiègle avait cette habitude : quand il faisait quelque méchanceté dans un endroit où il n’était pas connu et où l’on ne savait pas son nom, il prenait de la craie ou un charbon et dessinait sur la porte une chouette au-dessus d’un miroir, et il écrivait au-dessous en latin : « Hic fuit. » C’est ce qu’il avait dessiné sur la porte du forgeron. Quand celui-ci sortit, il vit ce dessin, comme sa servante le lui avait dit. Comme il ne savait pas lire, il s’en alla chez le curé et le pria de venir avec lui, et de lire ce qui était
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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE