Le prince rit beaucoup, et donna à Ulespiègle un autre cheval. Le curé se désolait de la perte de son cheval, et battit sa servante bien des fois à cause de cela, si bien qu’elle le quitta. C’est ainsi qu’il perdit cheval et servante.
CHAPITRE XXXIX.
le soufflet dans la cour.
Rostock, dans le pays de Mecklembourg, Ulespiègle s’engagea comme garçon forgeron.
Or, le forgeron avait l’habitude de
dire, quand le garçon devait tirer les soufflets :
« Ha ho ! suis-moi avec les soufflets. » Un jour il dit
cela à Ulespiègle, et sortit incontinent dans la cour
pour lâcher de l’eau. Ulespiègle prit un des soufflets
sur son dos et suivit son maître dans la cour, et lui
dit : « Maître, voici un des soufflets ; dites-moi où
je dois le mettre, pour que j’aille chercher l’autre. »
Le maître se retourna et lui dit : « Mon cher garçon,
je ne l’entendais pas ainsi ; retourne-t’en et remets
le soufflet à sa place. » Ulespiègle obéit. Le maître
résolut de le punir, et il se décida à se lever toutes
les nuits à minuit pendant cinq jours de suite, pour
éveiller son garçon et se mettre au travail. Il éveillait
donc les garçons et les faisait forger. Le compagnon
d’Ulespiègle dit à celui-ci : « À quoi pense notre