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ii
introduction

time du philologue a entraîné le jugement de l’homme de goût. Ainsi nous expliquons-nous l’incroyable acharnement d’un de nos meilleurs critiques contre une œuvre qui a, sans contredit, sur les trois quarts des autres épopées françaises, l’avantage d’être à peu près lisible.

En quelque état qu’il nous soit parvenu, ce poème n’en a pas moins, au point de vue particulier de l’histoire de Bretagne, le plus grand intérêt. C’est peut-être le plus ancien monument de notre littérature de langue française. On y trouve une geste particulière, des traditions originales, un roman sinon rigoureusement historique, du moins côtoyant souvent l’histoire, enfin un itinéraire breton très-curieux.

De plus, la légende même du roi Aquin se lie intimement à la glorieuse histoire de Bertrand du Guesclin. Nous faisons allusion à un passage de Froissart, qui ajoute beaucoup à l’importance relative de cette chanson et lui donne un intérêt inattendu.

Froissart nous raconte que, chevauchant entre Angers et Tours, vers l’année 1390, il rencontra un chevalier de Bretagne appelé Guillaume d’Ancenis avec lequel il se prit à converser. L’entretien tomba sur du Guesclin. Au milieu des éloges