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introduction

et de dangers destinés à mettre en relief le courage du héros. Le développement du personnage de Naimes, dans un sens aussi peu conforme à ses allures ordinaires de conseiller ou d’ambassadeur vénérable, nous paraît une création personnelle du poète.

Nous n’avons rien à dire des autres guerriers bretons, seigneurs de Rennes ou de Nantes, comtes de Léon [1], également introuvables, châtelains de fertés inconnues, d’îles inhabitables ou de montagnes désertes, tous plus ou moins chimériques. Près d’eux, Geoffroi d’Anjou, Garin, accentuent le caractère conventionnel de l’œuvre. Il en est de même de la liste des chefs païens. Si les Doret, les Chaliart peuvent avoir emprunté leur nom aux lieux qu’ils occupent, les Glorion, Grihart, Alart, etc., sont des comparses épiques faciles à retrouver. Il faut enfin admettre que la conscience du caractère historique de la chanson s’est affaiblie dans le remaniement. C’est ainsi que, dans un poème composé à l’origine contre les Norois, les Normands n’en sont pas moins rangés à côté des Bretons dans l’armée de Charlemagne [2].

  1. Les noms de Conan, Guion, Richard, Hamon, semblent empruntés aux seigneurs de Léon du XIIe s.
  2. V. 1638.