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introduction

il en sortit en 931, pour venger la mort de Felecan, chef des Normands de la côte nord, tué par les habitants du pays d’Aleth [1]. Cette expédition l’entraîna à une conquête qui semble s’être étendue fort loin.

Le nom d’Incon n’est pas sans rapport avec celui d’Aquin. Il ne s’agit pas de dérivation étymologique, mais n’est-il pas admissible qu’un nom de cette nature, conservé par le seul Frodoard et cité par lui une seule fois, puisse être une mauvaise traduction du nom d’Haquin, commun chez les chefs Danois ou Norois. La forme latine ordinaire, Haco, correspond à Aquin dans le pays où la chanson a été composée [2]. Ici une objection : le nom d’Aquin se retrouve dans plusieurs autres chansons [3], particulièrement dans Aliscans. Il n’y procède pas, croyons-nous, du souvenir du même personnage historique, si l’on

  1. Frod., Hist., VIII, 187, D, — D. M., Pr. I, 4, ex Chr. Britannico.
  2. On rencontre : Acwin legatus Danorum regis. Historiens, V, 357, C. — Venerunt e Denmearcia... Hacun comes. Id. XIII, 49, B. — Ingo rex Sueciæ, dans Saxo Grammaticus. — On connaît la dynastie des Haquin (Haacon, Haaconson) de Norvège, « communément appelés Hacon, » dit Moréri. — Le ruisseau le Cardequin est appelé Cardescon dans un acte de Dol de 1181. D. Morice, Pr. I, 683.
  3. Aliscans, v. 1410, 5136, etc. ; les Saisnes, L. civ (F. Michel, I, 179) ; Doon de Maïence, v. 9667, etc.