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introduction

populaires [1]. Elle a donné lieu à de multiples hypothèses, qui sont loin d’avoir rendu plus claire son origine. Cette chanson est le texte qui nous parle le plus longuement de la Dame des voies romaines. Il lui donne pour père un certain Corsout, qu’il semble à propos d’identifier avec le sire de Corseul, que l’ingénieux auteur fait régner au point de jonction des voies romaines de la Dommonée.

À côté de l’épisode d’Ahès, il faut placer celui de Gardaine, comme provenant de la source des traditions bretonnes. La submersion de cette ville rappelle celle d’Herbauges, dans le lac de Grand-Lieu, à la prière de saint Martin de Vertou. Mais le nord de la Bretagne a ses traditions propres. Le merveilleux du pays d’Aleth avait pour centre la mare Saint-Coulman, lac mystérieux dont tout le prestige n’a pas disparu ; nappe d’eau fangeuse, d’étendue variable, entourée de marécages tourbeux, souvent inondés. Le président de Robien [2], en la décrivant, signale la croyance des riverains à l’engloutissement d’une ville. Les

  1. Albert le Grand. Vie de S. Guennolé, éd. M. de Kerdanet, p. 57.
  2. « C’est encore une vieille tradition que l’ancienne ville de Neodunum a été submergée dans cette mare.... Le peuple débite qu’au milieu est un gouffre d’une profondeur extrême,