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introduction

romaines encore appelées hent Ahès, chemins d’Ahès, des ruines d’édifices ou de villes, castel Ahès, ker Ahès. C’est toujours, à peu de chose près, la légende de la chanson d’Aquin. Une princesse puissante, vivant depuis des siècles, croit ne jamais mourir et entreprend des travaux prodigieux, routes sans fin, murs indestructibles, interrompus par quelque circonstance puérile comme la rencontre de l’oiseau mort, qui rappelle la fin des êtres et la vanité des choses. Tel est ce mythe dont on ne connaît pas de mise en œuvre plus ancienne que celle de ce trouvère. Nous n’oublions pas la cantilène bretonne au refrain :

Arri groac’h Aes en hon bro :
Kesomp mein braz war an hencho.
Kesomp mein braz ha mein bihan
War an hent braz, e kreiz al lann [1].

Si le fond de cette composition peut être authentique, la forme est loin d’inspirer la même confiance. Nous ne pouvons entrer dans les détails de la légende d’Ahès ou de Dahut, car la fille du roi Grallon se confond avec Ahès dans les récits

  1. La vieille Ahès arrive dans notre pays.
    Portons de grandes pierres sur les routes,
    Portons de grandes pierres et de petites
    Sur le grand chemin, au milieu de la lande,
    (Annuaire historique de la Bretagne, 1861, p. 177).