Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xlviii
introduction

Il est par suite difficile de croire que le thème de cette chanson se soit propagé en dehors de la Bretagne. Il a dû circuler dans ce pays et y jouir d’une certaine popularité, comme le passage de Froissart et les souvenirs populaires [1] autorisent à le penser. Il paraît avoir subi une destinée analogue à celle de plusieurs poèmes très-intéressants dont le caractère plus particulièrement provincial a empêché la diffusion. Nous avons dit un mot du Philomena ; la chanson perdue de Tersin [2] reposait également sur des traditions locales très-voisines de celles d’Aquin. Comme ces œuvres, la Conquête de la Bretagne, que l’on pourrait appeler à ce point de vue la prise d’Aleth, n’a jamais eu cette vogue qui s’est attachée à des compositions plus éloignées de l’histoire.

La légende de Charlemagne, si bien étudiée aujourd’hui, est séparée par plusieurs événements, dont quelques-uns sont cités dans la chan-

    à Turpin (chap. ii) ou aux chroniques de S. Denis. (Cf. G. Paris, Charlemagne, p. 296). V. Index, au mot Salemon, la liste des personnages cités dans les chansons.

  1. On pourrait recueillir à Saint-Servan plusieurs contes sur Aquin devenu le bonhomme Solidor, chef des Sarrasins. On montre dans la Cité le Puits des Sarrasins. Rapprocher les récits réunis dans l’Hist. poët. de Charlemagne, p. 255.
  2. Romania, 1872, I, 63. Tersin est un roi sarrasin, maître d’Arles. Charlemagne s’empare de la ville, après sept ans, en coupant un aqueduc.