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introduction

ne serait-il pas un de ces vers dont les jongleurs se servaient pour ranimer l’attention de leur auditoire ?

Le jongleur semble encore se révéler d’une façon technique dans la reprise sur une autre rime de la prière des V. 560-4. Est-il naturel, d’ailleurs, d’attribuer à un clerc la connaissance des chansons dont nous parlerons plus loin, ces allusions qui indiquent un répertoire, cette riche collection de centons qui n’accusent que trop le procédé des trouvères de profession ? Il en est de même de la facilité à inventer des noms historiques ou à se les approprier [1].

Enfin, suivant la juste remarque de M. P. Meyer, à l’époque que nous avons fixée, on ne doit pas, en l’absence de preuve positive, supposer qu’une poésie en langue vulgaire soit d’un clerc, car à cette époque les clercs écrivaient en latin [2].

Par une coïncidence singulière, nous rencontrons un nom de jongleur dans le pays de Dol et aux environs de la date indiquée. Dans une enquête faite en 1181, par l’ordre d’Henri II d’Angleterre, pour le recouvrement des biens de l’Église de Dol, les témoins qui déposent de la

  1. Cf. Alexis, p. 202.
  2. Romania, 1876, p. 5.