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introduction

Le manuscrit, copié machinalement, a conservé par endroits les flexions de l’ancienne langue qui tranchent au milieu de la confusion ordinaire du sujet et du régime. On trouve un certain nombre de ly roys corrects, quoique la plupart des autres substantifs soient affranchis de la règle de l’s. Le copiste écrit assez de fois le roys indûment pour que l’on voie un pur hasard dans la conservation de la forme régulière. On se demanderait même s’il sait bien la langue, ou tout au moins on ne sait à quoi attribuer l’emploi fautif de l’article ly aux régimes singulier et pluriel, et surtout la confusion de ly et de luy, anomalie si fréquente dans le texte.

D’où provient également cet usage de sere pour sire ? Il n’est guère probable qu’un manuscrit aussi mauvais ait conservé une ancienne forme. Rien par ailleurs n’accuse un scribe anglo-normand, qui eût ainsi traduit la prononciation du sir anglais.

Enfin ce copiste ignore complètement la langue spéciale des chansons de gestes. Les mots les plus usuels, tels que poesté, fervestus, amiré, sont particulièrement maltraités.

D’après ces notions, on voit qu’il reste fort peu de chose dans le manuscrit de la langue de