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la conqueste de la bretaigne

N’y a paens qui lour veille varer.
C’est beau miracle, doibt l’en bien escuter
Nostre emperiere print Dieu à mercïer.
Touz les paens fist à sa Loy tourner,
2275Et en saint[e eaue] baptiser et laver,
D’eulle de cresme en Dieu regenerer ;
Qui ne voulst croire le cheff luy fist trancher !
A paens print le roy à demander :
« Où est la chartre ? ne me veillez celer
2280« Où Aiquin a nos gens enprinsonnez ? »
Ung des contez au roy print à parler :
« Sere, moult bien vous y feré mener,
« L[y] aval est au pont jouste la mer
« Et ung dongeon qui moult fait à louer
2285« Que le roy Dayres y fist jadis fermer,
« A troys estages bien fai[re] et compasser.
« Le roy Aiquin s’i aloit deporter,
« Et la roigne o le visage cler ;
« Plus belle d’ele ne pouroit l’en trouver, (fo 41 vo)
2290« En nulle terre v[e]oir ne regarder !
« Ung riche homs [là] la soulait garder ;
« Mès o Aiquin s’en est fouy par mer,
« Pour la grant fain qu’il ne pot endurer ;
« N’avoit ceans que nous peuson manger.
2295« Icil dongeon don vous me ouez parler,
« En tout le monde n’a de force son per ;
« Par soul troys hommes ne fault à le garder,
« Contre tout l’ost que roy povait mander.