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par le roy charlemaigne

Fagon l’apelle qui luy a demandé :
« Sere, vifz tu, pour saincte charité ? »
— « Ouïl, Syre, mès pouay ay de santé,
1710« En pamaison ay longuement esté,
« Tant ay saigné que près soy devïé,
« Quar durement suy en mon corps naffré.
« Sont noz genz vifs ? ne me soit pas celé ? » (fo 31)
— « Nennil, voir, Sire, touz sont mors et finé
1715« Fors que nous deux, ce vous dy pour verté. »
Et [quant] l’entant, à pouay n’est forcenné
Lors s’est le ber de grant dolour pasmé ;
Le quens Fagon l’en a sus relevé ;
Lors luy a dist : « Sire, mercy pour Dé !
1720« Laisez le deul, ja plus ne soit mené,
Quar pour deul fere n’est nul bien recoupvré.
« Ice qu’a est de cy vifs eschappé,
« Moult en abvon occis et afolé ;
« Vengez nous suymez que qu’il nous ait cousté. »
1725Le ber Fagon l’a par la main coupplé,
Et son estat a ly meismes levé.
Droit à la greve [il] se sont devallé,
Viennent au gué, sont dedans a[e]ntré ;
La mer montoit, ja est entrée ou gué,
1730Juques es çaintures sont dedans a[e]ntré,
[Quar] paens ont le vasel adiré ;
Guide [Fagon le vasal aduré,]
Chancelle, à pouay n’est jus versé ;
Ja ne fust ostez hors du gué,