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la conqueste de la bretaigne

625« Ne Jhesu Crist de moy sera servy !
« Je luy mant, dictes luy biaux amy,
« Qu’il soit aseur et afermé auxy,
« Et l’endemain et le tiers jour auxy,
« Me trouvera de bataille garny ;
630« Lors verra l’en qui couart et hardy ! »
A ces parolles s’en tourne Tïory ;
Decy à Charlemaine brocha l’araby.

VIII

QUant le mesaige fut au roy retourné,
De maintenent luy a dit et conté
635Du roy Aiquin l’orgueil et la fierté,
Et tretout auxi que luy avoit mandé ;
Que par luy ne seroit Jhesu adouré,
Tousiours croira en Mahommet son Dé,
Ne ja pour vous n’en sera destourné.
640Trois jours playniers le trouverez armé
Encontre vous en bataille champé ;
Ne ne s’en tournera avant soit avespré.
Charles respont par grant humilité :
« Or nous aist Dieu, le roy de majesté !
645« Qui nous secoure, par sa grande bonté ! »
Lors a roy Charlemaine son grant ost ordiené,
Et l’un conré de l’autre desevré.
[Et] auxi fist Aiquin luy amiré
Quar de combatre a moult [grant] volanté.